le different en question ce n'etait pas ca par hasard?
Rixe mortelle à la sortie d'une discothèque
Un
jeune homme de 21 ans a été tué par balles et un autre blessé, hier
matin, lors d'une rixe à la sortie d'une discothèque
d'lllkirch-Graffenstaden. Deux suspects ont été interpellés par la
police. Un motif « futile » serait à l'origine du drame.
Le
drame s'est déroulé hier vers 3 h 45 sur le parking du
restaurant-discothèque au « Vieux Fort », au bord de l'Ill à
Illkirch-Graffenstaden. Plusieurs dizaines de jeunes y étaient réunis
pour une soirée. Tout serait parti d'une altercation verbale en
discothèque.
« C'est semble-t-il pour un motif futile », que le
différend a éclaté, indique le procureur de permanence Brice
Raymondeaud-Castanet, avant d'évoquer avec une extrême prudence
quelques éléments d'une enquête qui n'en est qu'à ses débuts. «
L'altercation verbale se serait transformée en défi physique. » Le
principal suspect explique « avoir exhibé son arme à titre dissuasif ».
Il se serait senti menacé et évoque « le déclenchement accidentel d'un
coup de feu ».
Touché au cou
et à l'abdomen
Entendus
par la police tout au long de la journée d'hier, les témoins ne
manquent pas, mais des divergences apparaissent. « Le déroulement des
faits, jusqu'au nombre de coups de feu, doit être vérifié », explique
le magistrat. « Pourquoi ce différend ? Y a-t-il eu provocation à la
bagarre ? Tout reste à confirmer. » Les auditions se poursuivront
aujourd'hui. A l'arrivée des secours, une cinquantaine de personnes se
trouvaient sur le parking. Des personnes, qui étaient sorties de la
discothèque après le drame, mais également des témoins directs.
Seule certitude, deux jeunes gens du Neuhof, âgés de 21 ans, ont été
les victimes des coups de feu. Les deux blessés ont été secourus par
les pompiers et le SAMU avant d'être évacués. Touché au cou et à
l'abdomen, le blessé le plus grave est décédé vers 6 h après son
admission à l'hôpital civil de Strasbourg. Le second jeune homme a été
touché dans le dos, côté droit à la hauteur des reins, indique un ami.
La balle est entrée et ressortie sans toucher d'organe vital.
Les suspects ont été
interpellés une heure après
Le blessé a quitté l'hôpital, hier en milieu de matinée, pour être
entendu par la police, avant de regagner l'établissement hospitalier.
C'est au commissariat qu'il a appris le décès de son copain, témoigne
un de ses amis du Neuhof.
Sitôt après le drame, une vingtaine de
policiers du quart et de la brigade anticriminalité ont été mobilisés.
Sur les lieux, ils ont effectué les premières constatations avec le
renfort d'un technicien de la police scientifique de la Direction
interrégionale de la police judiciaire. Les policiers ont quitté les
lieux vers 6 h du matin, mais les investigations techniques se sont
poursuivies dans la journée. L'enquête a avancé à grands pas avec
l'interpellation rapide du tireur présumé.
Ce jeune homme de 23 ans
domicilié à Cronenbourg avait pris la fuite en voiture. Un témoin avait
eu le bon réflexe de relever le numéro d'immatriculation de son
véhicule. Un avis de recherche avait aussitôt été lancé sur l'ensemble
du département, en secteur police et gendarmerie. La voiture a été
repérée et interceptée par les policiers de la Bac, peu après 5 h, rue
Lavoisier à Strasbourg. Le principal suspect se trouvait en compagnie
d'un copain de Cronenbourg qui aura 21 ans dans quelques jours. Ils ont
été interpellés sans opposer de résistance. Une arme de poing a été
ultérieurement saisie.
« Pourquoi venir
avec une arme ? »
Les deux suspects ont été placés en garde à vue au commissariat
central. L'enquête a été confiée à la brigade criminelle de la sûreté
départementale. Les deux jeunes gens n'étaient pas sous l'emprise de la
boisson. Le conducteur avait un taux d'alcoolémie qui n'est pas
pénalement répréhensible, précise le procureur Brice
Raymondeaud-Castanet. Ces deux suspects ont « déjà fait l'objet de
procédures, mais rien qui laissait penser qu'ils devaient agir de la
sorte ».
Les proches de la victime décédée se sont rassemblés à
partir de 7 h devant le commissariat central. Entre tristesse et
colère, ils ne parvenaient pas à comprendre. Même si le jeune homme
n'était pas un garçon facile, comment une rixe en discothèque a-t-elle
pu se terminer en drame ? « On ne doit pas venir en discothèque avec
une arme », lance cet ami de la victime.
« Le tireur a sorti son
flingue à l'intérieur de la discothèque », affirme cet autre copain. «
Quelqu'un l'a attrapé par derrière en lui tenant les bras. Il demandait
de lui prendre son arme. Mais le tireur est sorti en disant "laisse-
moi, c'est bon, je sors". Et dehors, il a tiré ». Une version qui n'est
pas confirmée par le procureur.
Il n'est pas sûr que le tireur soit
entré avec son arme en discothèque. « Il y a eu des va-et-vient, tout
doit être vérifié », rappelle le magistrat. Autre sujet à discussion :
le jeune homme blessé serait intervenu « pour séparer » les
protagonistes, répètent des proches. Pour d'autres témoins, ils
auraient participé à l'agression. Calme et digne, ce frère de la
victime attend d'être reçu par la police. Lui et sa famille
souhaiteraient voir le corps de leur proche confié à la médecine légale
pour quelques jours.
L'enquête se poursuit. Dès hier soir, le
procureur annonçait une prolongation de la garde à vue des deux
suspects. Ces deux jeunes dont les identités n'ont pas été
communiquées, devraient être déférés cet après-midi au parquet. Une
information judiciaire pour crimes sera ouverte « pour coups mortels ou
pour meurtre et tentative de meurtre », précise Brice
Raymondeaud-Castanet.